Depuis toujours, ce que veulent les femmes, c’est la liberté. Que ce soit celle de penser, d’être qui elles souhaitent, de faire le métier de leurs rêves ou même de ne plus être une femme. Mais depuis des décennies, leurs droits sont sujets à débat et rarement appliqués.
Revenons sur l’oeuvre d’Olympe de Gouges. Cette grande femme qui a écrit en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, en opposition avec le si connu texte officiel. Hormis cette lettre à la reine, la militante a écrit d’autres textes, que l’on peut retrouver dans Femme, réveille-toi !. Les sujets abordés sont variés, allant d’un texte pour la création d’un hôpital pour les femmes, pour l’égalité des sexes, pour la représentation des Noirs au théâtre, ou encore plusieurs lettres écrites au tribunal correctionnel avant son jugement. Cette femme, surtout connue en tant que féministe, était en réalité engagée dans bien des domaines.
« L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? »
Cette apostrophe parle des difficultés qu’éprouvaient les femmes à réaliser leur mauvaise condition.
Le pouvoir dominant
Mais ce problème n’est pas français, il est international. En effet, que ce soit en Angleterre, en Afrique, en Chine ou encore en Inde, les femmes ont du mal à accéder à la puissance et les droits qui leurs sont pourtant dûs.
L’on se rend compte que les femmes cultivées inquiètent et perturbent la gente masculine. Fut un temps où une femme devait soit dépendre de son père, soit de son mari. Elle devait alors s’occuper des enfants et de la maison pendant que son mari sortait et s’occupait du reste. Des années de travail épuisant et non payé. Mais ce n’est pas tout. Comme l’évoque Laurence Roulleau-Berger dans Migrer au féminin, malgré leurs diplômes en ingénierie, les femmes immigrées finissaient bien souvent femmes de ménage ou nourrices dans les pays développés censés être meilleurs. Alors qu’au contraire, un homme immigré ayant une diplôme de médecin, pouvait tout à fait exercer son métier sur le continent. Ainsi pourquoi disqualifier une femme pour sa langue maternelle sans faire de même pour son mari ? Cela n’a pas vraiment de sens. Leurs connaissances invisibilisées dans un domaine les poussent à tout accepter pour avoir leurs papiers rapidement. C’est comme cela que beaucoup se retrouvent à travailler sans contrat ou à subir des agressions sexuelles.
Dans Sexual Politics, Kate Millet évoque la nécessité de développer une « une psychologie, une philosophie des relations de puissance ». Le principe est simple : il faut égaliser les chances d’accès au pouvoir. Il y a actuellement des groupes de personnes de même sexe, de même race et de même caste qui dominent et ont le pouvoir. Pour revenir à une base neutre, il faut permettre aux castes de se mélanger, aux sexes de s’égaliser et ainsi aux pouvoirs de s’équilibrer. Les hommes, se soutiennent. Et ça peut importe leurs qualifications ou leurs compétences : la virilité l’emporte souvent sur une femme aux compétences égales voire supérieures. Bien évidement tout n’est pas tout blanc ou tout noir, mais ces généralités sont encore trop fréquentes.
Grandir
Au XXème siècle encore, une solution simple avait été trouvé par les hommes et par les pères : ne pas laisser accès à la connaissance aux filles. Ainsi, la plupart du temps, elles restaient ignorantes jusqu’au moment de leur mariage. Mais vous vous doutez bien que cette solution n’était pas viable et qu’elle n’existe plus depuis. C’est pour cela qu’existent notamment les cours d’éducation sexuelle.
Mais tout cela s’inscrit dans un plus gros problème générationnel. En effet, les petites filles voient leur père être servit en premier à table, ou même manger à part selon les cultures. Alors comment s’en détacher en grandissant ? Un grand nombre n’y arrive malheureusement pas. Dans sa duologie de bande-dessinées nommées Pucelle, Florence Dupré La Tour explique à quel point elle a baigné dans l’ignorance jusque’à son adolescence. Venant d’une famille catholique très traditionaliste, les menstruations, les relations sexuelles et la conception des enfants étaient quelque chose de très peu évoqué. Elle crut jusque’à ses 13 ans que les enfants venaient au monde du nombril de la maman dans lequel le papa déposait une graine. Elle comprit bien plus tard que le fait d’avoir un enfant était lié aux relations sexuelles. Il en va de même pour ses règles. Elle en eu si honte qu’elle tenta de les cacher et de mettre du produit à poux dans son vagin pour les exterminer. Elle finit par les accepter mais souffre d’endométriose, tout comme sa soeur jumelle, a qui l’ont dit que c’est normal. Sa première relation sexuelle, est faite pour se conformer aux attentes qu’elle pense que tout le monde a d’elle. L’éducation des garçons lui parait différente : ils savent quoi faire, ils savent comment les enfants viennent au monde. L’autrice explique s’être longtemps sentie ingénue et démunie par ces incompréhensions. En grandissant, elle s’est éloignée de ce cadre et s’est libérée.
Le thème de la femme puissante est aussi évoqué dans des romans, tels que Verity de Colleen Hoover, ou L’as de coeur de Morgane Moncomble. Dans ces deux romances, la femme à le pouvoir. Elles dirigent et manipulent les hommes souvent sans qu’ils s’en aperçoivent. Dans Verity, une autrice est prête à tout sacrifier pour que son mari ne soit qu’à elle, y compris ses enfants. Elle a non seulement manipulée toute sa famille, mais en a fait une autobiographie. Mais tout cela est-il vrai ou juste encore un de ses écrits fictifs dans lesquels elle aime se mettre dans la peau du méchant ? Ce roman de manipulation mental a laissé la plupart de ses lecteurs réflexifs.
Quant à L’as de coeur, il met en scène Rose, qui a été engagée par Levi pour démasquer son adversaire de toujours au poker. Elle jouera sa copine, mais s’éclipse souvent. Que va-t-elle faire ? L’autrice sait créer le suspens à merveille si bien que les lecteurs ne découvrent pas la vérité de ce double-jeu tout de suite.
Mais c’est aussi en grandissant que l’on se rend compte que le regard que les hommes portent sur les femmes plus mûres change. En effet, comme le constate Rebecca dans le roman épistolaire Cher connard de Virginie Despentes, en vieillissant, les hommes s‘attendent à ce qu’elle reste aussi fine et parfaite à leurs yeux que lorsqu’elle a fait ses débuts d’actrice il y a 20 ans. Les gens oublient souvent que la vieillesse est tout aussi normale chez les hommes que chez les femmes.
Que ce soit dans la politique, dans le monde de l’art ou dans tout autre métier, les femmes sont bien souvent mises à l’écart et rabaissées. Leur émancipation est un sujet de grand débat et n’est pas prêt d’être réglé de suite, mais pas à pas, on avance dans la bonne direction. Comme l’écrit Ivan Jablonka dans Des hommes justes : « Les hommes ont menés tous les combats, sauf celui pour l’égalité des sexes. Ils ont rêvé toutes les émancipations, sauf celle des femmes. ».
Alice Pernette
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